LA RÉVOLUTION EST EN MARCHE DANS LE SECTEUR DU BÂTIMENT

Avec les évolutions sociétales actuelles le bien-être et l’épanouissement de l’employé ont pris une place centrale dans le processus de production des entreprises. Notamment dans le domaine du BTP avec principalement la réduction de la pénibilité de certaines tâches qui est devenue un objectif primordial.

De plus exploiter les révolutions technologiques quotidiennes pour le monde de la construction permet une augmentation certaine de la productivité et favorise grandement la réduction des accidents, TMS et des arrêts de travail à répétition.

Les exosquelettes sont donc le parfait exemple d'innovation, souvent considérés comme futuristes ou du domaine de la science-fiction dans l'imaginaire collectif ils sont aujourd'hui de plus en plus présents dans le monde du travail. Un rêve devenue réalité pour bon nombre de professionnels. Il font partie de nouvelles technologies d'assistance physique, et il en existe deux types les Robots d'Assistance Physique (RAP) et les Dispositifs d'Assistance Physique (DAP). 

Cela passe néanmoins au départ par des investissements souvent coûteux en recherches et développements et une augmentation de la démarche de prévention des risques existants.

LES "TMS" QU'EST-CE ?

Ils sont le résultat entre les capacités physiques du corps et les sollicitations, contraintes auxquelles il doit faire face. Ils apparaissent lors de longues et répétées périodes de travail, l’activité professionnelle peut alors les provoquer, les maintenir, voire les aggraver. Les Troubles Musculo-Squelettiques regroupent les affections, douleurs qui touchent les zones périphériques des articulations (muscles, tendons, ligaments, nerfs…). Les parties du corps les plus touchées sont le dos, épaules, coudes, poignets et genoux.

Depuis plus de 20 ans ils ont augmenté de 60% et représentent près de 90% des maladies professionnelles ayant entrainé un arrêt de travail ou une indemnisation financière pour des séquelles. Avec le vieillissement global de la population les « TMS » augmentent donc plus facilement. Sachant que cela peut coûter cher à une entreprise, puisqu’ils peuvent provoquer une désorganisation du travail et donc potentiellement une baisse de la productivité.

COMMENT Y FAIRE FACE EFFICACEMENT ?

Les exosquelettes d’assistance physique sont des structures mécaniques permettant de doubler celle du corps humain pour assister dans la tâche à réaliser. Ils sont aujourd’hui présents dans différents domaines (militaire, médical et monde du travail), et peuvent concerner les personnes sans soucis physiques particuliers mais surtout celles à mobilité réduite pour leurs permettre de pouvoir retravailler presque normalement. 

Pour réduire la pénibilité des tâches réalisées au-dessus des épaules, du cou, des lombaires, des mains et du dos, l'exosquelette va pouvoir soulager la pression exercée sur les muscles et la colonne lors de postures pénibles et gestes répétitifs pour permettre une compensation des efforts. Et donc pouvoir réduire drastiquement le nombre de TMS.

Les Ergosquelettes luttent également contre les TMS, ce sont des systèmes/supports de posture flexibles qui soulagent le corps lors de travaux pénibles (par exemple les harnais, textiles élastiques, vêtements équipés de ressorts…). Contrairement aux exosquelettes ils ne sont pas robotisés, ce sont donc des solutions plus passives. Ils nécessitent un effort d’adaptation moindre que les exosquelettes, mais ils sont cependant plus efficaces que les ceintures de force (soutien aux vertèbres lombaires). 

Le besoin est réel puisque en effet énormément de professionnels notamment les électriciens, ouvriers et plombiers se plaignent régulièrement de douleurs à l’épaule ou aux genoux par exemple.

Néanmoins il est essentiel de garder à l'esprit que l’objectif premier n’est pas de créer des surhommes mais bel et bien de préserver la santé des employés.

DES PRODUITS/SERVICES CERTIFIÉS POUR PLUS DE GARANTIES

En effet l’AFNOR (Association Française de NORmalisation) permet principalement l'élaboration de normes et leurs applications. Elle est pleinement au service de l’intérêt général et du développement économique. L’objectif est de rendre les différents lieux de travails sains et sûrs, pour cela ils travaillent en étroite collaboration avec les employeurs et les ressources humaines qui représentent le personnel.

Ces certifications s’adressent principalement aux clients finaux pour les rassurer de la légitimité des produits, services … En effet la certification a une durée limitée dans le temps et pour confirmer sa validité sur le long terme des tests, contrôles sont réalisés régulièrement de manière impartiale (eux-mêmes contrôlés par le Comité français d’accréditation, le COFRAC). Ces évaluations consistent à en mesurer les caractéristiques précisément, pour ensuite correctement contrôler leur évolution dans le temps. Comme sur certains services et produits, permettant de les rendre légitimes et garantissant leurs utilités pour les employés. Pour ainsi rassurer les personnes davantage réfractaires ou septiques.

Voici quelques exemples de certificat : RSE, NF, Ecolabel, AFAQ, Origine France…

Dans le cas des exosquelettes c'est avec l'accord AFNOR Z 68-800 de mars 2017 que l'AFNOR permet d'évaluer leurs différents avantages et contraintes. Une sorte de mode d'emploi simplifié pour faciliter la compréhension de tous les acteurs mêmes ceux étrangers au sujet des exosquelettes. Il permet ainsi de répondre notamment aux précautions à prendre en amont et des évaluations à réaliser en aval. 

DE NOMBREUSES ENTREPRISES LES UTILISENT DÉJÀ

En effet certaines entreprises ont déjà choisi de miser sur les NTAP (Nouvelles technologies d'Assistance Physique), afin de pouvoir assister leurs collaborateurs. Comme la SNCF, qui a équipé certains de ses agents avec un gilet qui permet d'améliorer la posture et réduire les problèmes de dos. Ce produit a été conçu en étroite collaboration avec des ostéopathes afin de remplir pleinement sa mission qui est de réaligner la colonne de son porteur. 

On parle ici davantage d'un DAP (Dispositifs d'Assistance Physique), en effet il est majoritairement composé de textiles et est par conséquent encore moins encombrant qu'un exosquelette classique. Car en effet les DAP sont très discrets lorsque qu'ils sont portés et peuvent même être camouflés par d'autres vêtements. 

Dans le BTP également où les métiers physiques sont nombreux, chez COLAS notamment le quotidien des tireurs au râteau est devenu moins rude. En effet ils ont travaillé en collaboration avec la startup française RB3D et avec des ingénieurs en robotique pour créer l'Exopush. Une sorte de râteau robotisé qui permet de renforcer la puissance de pousse et de tirage de son utilisateur. Et avec le temps et les nouvelles versions, le produit final s'est allégé tout en devenant toujours plus performant. De bonne augure pour l'avenir des métiers du BTP.  

ENTRETIEN AVEC UN PROFESSIONNEL DE LA COBOTIQUE

Tout d'abord quand on parle de COBOTIQUE c'est la contraction des mots Collaboration et Robotique, on parle alors de l'interaction et la collaboration entre l'Homme et la machine dans le but de réaliser une tâche précise. La part de ces robots collaboratifs ne cesse de croître sur le marché de la robotique industrielle. L'idée principale est donc d'accompagner le professionnel et non de le remplacer, on parle de robotique dite "amicale". 

Nous avons eu la chance d'échanger avec Monsieur Pierre-André FOIX, fondateur de l'entreprise nantaise FOX Innovations (spécialiste des exosquelettes) sur le sujet du développement de ces nouveaux systèmes collaboratifs. 

-Comment est née votre entreprise ?

De l’idée d’apporter aux entreprises le meilleur de l’innovation en termes d’ergonomie, là où la connaissance à la fois du corps humain et des nouvelles technologies nécessite un accompagnement. 

-Pouvez-vous définir en quelques mots votre entreprise ?

Conseil, expertise, aide aux choix des meilleurs modèles de systèmes d’assistance à la manutention et pertinents aux postes de travail visés. Nous étions il y a encore peu de temps développeurs. C’est-à-dire que nous faisions du sur-mesure, nous sommes aujourd’hui experts intégrateurs en réunissant les meilleures technologies de base en termes de mécanique, ergonomie et design.

-Pouvez-vous donner votre définition d’un COBOT (robot collaboratif) ?

À la différence d’un robot autonome qui nécessite un périmètre de sécurité, un cobot va interagir avec l’opérateur. Certains exosquelettes motorisés peuvent rentrer dans cette catégorie

-Quels sont les retours de vos clients sur vos produits ?

À la faveur de la réduction du poids des systèmes et de leur encombrement, les nouveaux exosquelettes sont bien acceptés par les professionnels qui réalisent des tâches initialement pénibles désormais plus accessibles.  

-Existe-il des freins au développement des exosquelettes dans les entreprises et chez les utilisateurs ?

Les barrières techniques ou ergonomiques sont levées avec les innovations régulières qui résultent des recherches menées dans le secteur. Il reste maintenant comme frein le prix, d’autant plus que la Carsat (Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail) ne participe pas à la prise en charge de ces dispositifs. 

-Existe-t-il un ou plusieurs modèle(s) généralisable(s) dans les différents secteurs d’activité et leurs métiers ? Y’a-t-il des risques dans certains corps de métiers ?

On retrouve effectivement des modèles semblables par secteur (logistique, industrie, bâtiment) ou métiers (plaquistes, maçons, peintres, carreleurs). Il faut bien entendu que l’exosquelette soit adapté au type de tâches réalisées (bras en hauteur, dos penché, port de charges, …) pour répondre pleinement à la demande. 

-Quel est le coût moyen pour un exosquelette ? 

Les prix ont baissé, une gamme raisonnable se situe entre 1000 € HT (exosquelettes textiles) et 5000 € HT pour les exosquelettes mécaniques avec assistance active, plus onéreux car nécessitant davantage de temps de production, plus de connaissances techniques, d'entretien …

-De quel secteur d’activité proviennent majoritairement vos clients ?

Tous les secteurs sont concernés à partir du moment où les tâches réalisées aux postes sont contraignantes et pénibles. 

-Pensez-vous que ce type de produits peut avec le temps devenir accessible au grand public, et personnes en situation de handicap ? Bonne ou mauvaise chose ?

Nous y sommes déjà, le modèle de développement sera celui du vélo électrique, mais la bicyclette est déjà un exosquelette !

Merci encore pour votre disponibilité Monsieur FOIX ! 

DES CONTRAINTES A LEURS UTILISATIONS ?

Il existe cependant différentes précautions à prendre en compte avant de les utiliser, premièrement les potentielles irritations de la peau liées aux frottements et pressions répétées sur certaines zones du corps.

Ensuite une augmentation du nombre de sollicitations cardiovasculaires avec le poids et la gêne entrainée par l’appareil. De plus cela provoque une modification de la répartition de l’effort, pouvant occasionner des déséquilibres ou mouvements incontrôlés et des risques de « TMS » sur le long terme. Également ils représentent un investissement immédiat très conséquent et ne sont donc pas adaptés à toutes les bourses des entreprises.

Ensuite seulement quelques études se sont réellement penchées sur les conséquences sur le corps humain, le recul est donc limité. Néanmoins, les risques mécaniques, ceux liés à la charge mentale et physique notamment avec l’extrême attention requise pour la manipulation des exosquelettes sont eux déjà bien identifiés.

Ces innovations ne sont donc pas forcément adaptées à toutes les situations d'entreprises. Il y a encore beaucoup d'idées reçues des employeurs liées à la productivité, ce n'est pas parce que l'on équipe ses employés d'exosquelettes qu'il faut pour autant exiger d'avantage de résultats de leur part (cadence revue à la hausse).  

Il y a une nécessité de les adapter et de les  déployer en étroite collaboration avec le terrain (collaborateurs) et les services de santé de l'entreprise, afin d'assurer une utilisation optimale. De plus il est obligatoire dans un premier temps de définir correctement le besoin, d'évaluer les interactions possibles et d'anticiper les potentielles conséquences, répercussions sur la production et l'organisation technique. Ce type de solutions est bien spécifique et donc difficilement transposable dans toutes les situations d'entreprises. Sans oublier que certains employés peuvent être réfractaires à leur utilisation du moins dans un premier temps. 

Cela n'est donc vraisemblablement pas un système encore totalement au point, puisque non généralisable donc au cas au par cas.

Mais avec la rapidité des recherches ce système est sans aucun doute une solution d'avenir sur le moyen et long terme pour beaucoup de secteurs d'activités. 

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1 commentaire(s)

El bouchtaoui


24/11/2022 06:52:53

A ce jour aucune exosquelette mécanique n’est encore présente sur le marché public , moi qui cherche à m’en procurer une et malheureusement ce n’est pas pour demain.